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Le Pré-Saint-Gervais | Article publié le 26/09/2016 | actualisé le 26/09/2016 | Emma Antropoli

Journées de la Refondation de l'École de la République

qui ont eu lieu les 2 et 3 mai 2016 au Palais Brongniart, à Paris.

 

ATELIER 6 – Stratégie Numérique : de l’expérimentation à l'école du XXIème siècle.

Gilles BRAUN, inspecteur Général de l’Education Nationale

Emmanuel EVENO, professeur de géographie à l'université de Toulouse-II Le Mirail et

chercheur au LISST-CIEU

Mathieu JEANDRON, directeur du numérique pour l'éducation (DNE)

Christine FIASSON, enseignante en histoire-géographie de l’académie de Versailles

Isabel FEROC DUMEZ, directrice scientifique du CLEMI et formatrice

Anna ANGELI, vice-présidente du réseau français des villes éducatrices en charge du

numérique.

 

Cet atelier se propose de faire le point sur ce qui fonctionne et ce qui reste à faire.

1/ Ce qui se passe dans la classe entre l’enseignant et l’élève : face à des élèves qui ont

changé

2/ Regarder ce que l’institution fait : formation au et avec le numérique

3/ Comment on transforme des projets territoriaux locaux ? Quelles sont les clés de

réussite ?

 

Avant tout je souhaiterai que la notion de pionnières et de pionniers en matière de

numérique pour les collectivités ne soient pas réduite à un équipement et une maintenance

régulière et importante.

L'innovation et la notion de pionnier se situe et se vérifie dans la mise en place de pratiques

innovantes sociales et éducatives, ce que portent un bon nombre de collectivités de notre

réseau, RFVE, notamment par à la mise en place des PEL depuis un grand nombre d'années.

Pour parler du numérique je souhaite parler des humains.

Les notions de coopération, de collaboration et de partage des compétences, favorisées par

et avec le Numérique sont présentées et encouragées comme des méthodes pédagogiques

innovantes, positives et bénéfiques pour les apprentissages.

Pour nous donner toutes les chances de réussir la généralisation des savoirs numériques (et

non uniquement des outils), ces pratiques issues aussi bien du monde de l'entreprise, de la e-

économie, des FabLabs que de celui de l'université, (et donc d'une génération) devraient

s'appliquer aux acteurs de la communauté éducative.

Pour que l'école Numérique s'enracine dans chaque territoire il faut de l'humain et que les

humains se parlent, échangent, conçoivent et produisent ensemble.

Cela nécessite de mettre tout le monde au même niveau de formation et de compréhension

des enjeux que ce soit les enseignants, les IEN, mais aussi les animateurs périscolaire, les

associations d'éducation populaire, les agents territoriaux des services éducation et des DSI,

les animateurs EPN, les élus ou bien évidemment les parents.

Trop souvent les acteurs ne conçoivent les projets que de manière cloisonnée. Education

nationale et élus, élus et éducation populaire mais ils ne se coordonnent pas au-delà.

Une fois l'équipement décidé et déployé, les collectivités ne gèrent que la maintenance et ne

bénéficient que trop peu de retours de pratiques des enseignants, ni des retours d'usages

effectués (souvent trop rarement) par les équipes IEN ou Canopé.

Dans les PEDT ces notions de gouvernance et de partage sont mise en avant pour un

ensemble d'actions mais peu évoquées pour le numérique. Dans l'école numérique, les

animateurs sont trop peu associés alors que les PEDT sont censés valoriser la coéducation et

l'éducation partagée.

Proposition :

Il faudrait créer des "brigades", constituées de ces acteurs de la communauté éducative pour

accompagner les projets numériques. Certains départements l'ont fait mais jamais avec

l'ensemble des acteurs.

Il faudrait que chacun ait le même niveau de connaissance, de compétences et d'expertise

pour mieux travailler collectivement et porter différents projets, que ce soit des projets de

déploiement d'équipement autant que des projets éducatifs avec le numérique. La Ligue de

l'Enseignement et les CEMEA ont lancé une grande opération de formation au numérique de

leurs animateurs, il faut utiliser les compétences encore trop éparpillées de chaque acteur, les

rassembler et les diffuser.

Il faudrait aussi qu'un nombre d'usages essentiels soient référencés afin de permettre à tout le monde d'aller dans le même sens.

Certes les outils de formation et de ressources à distance existent pour pallier au manque de

moyen humain et encourager les pratiques nouvelles (et collaboratives) mais pour impulser

et généraliser ces pratiques et être certains de ne laisser personne de côté, il faudrait que ces

équipes mobiles s'installent un temps dans un lieu de la collectivité, ou/et un établissement

scolaire.

Je propose aussi que des ateliers Canopé puissent s'ouvrir à tous. Il y a pour cela 100 espaces

Canopé dans tout le territoire et des équipes formées. Il y a aussi la possibilité d'utiliser les

médias bus qui existent dans un certain nombre de territoires. Apres ces cycles

d'accompagnement, les outils en ligne ressources et formation mis à disposition du ministère

pour les enseignants, les parents et/ou pour les collectivités seront forcément mieux utilisés.

Cela prendra du temps mais cela essaimera sûrement mieux auprès de nombreux acteurs.

Parmi des exemples dont je pourrais parler, je vais en citer quelques-uns :

-soit les élus ne priorisent pas le déploiement du Numérique (pour diverses raisons) et donc

les équipes pédagogiques sont peu ou pas équipées

-soit les collectivités rencontrent des défauts d'accompagnement et de mise en place des

formations qui pénalisent les enseignants et les élèves et mettent en péril les investissements

engagés.

-souvent les élus sont très critiques des "dictats" ou/et des défaillances de la part du MEN et

de l'autre côté les équipes académiques considèrent qu'une partie des élus freinent les

investissements, n'y comprennent rien ou sont dans une posture de communication sur les

équipements sans vision sur le long terme.

-les agents territoriaux et les DSI sont trop peu informés des pratiques et des innovations

pédagogiques ainsi que des plans numériques eux-mêmes car peu associés aux questions et

enjeux éducatifs. Les parents et les animateurs sont trop peu associés également aux

décisions et aux choix. Les temps changent et il faut se servir de la démocratie participative,

des PEDT pour associer tout le monde aux décisions de matériel, de projet éducatif

numérique et de formation pour tous.

Bien sûr il y a des exemples de collaboration qui fonctionnent mieux que d'autres...et les

choses avancent, d’ailleurs souvent plus dans les départements que dans les villes... Les

départements de la Somme, des Pyrénées-Atlantiques, la région Nord, les MAACS dans les

Landes, les villes de Bron, Tours, le Pré st Gervais (voir les travaux du groupe de travail

« Numérique éducatif » du RFVE qui vont débuter en septembre 2016.) mettent des projets

innovants en place, pour autant, aucun sur le modèle que j'évoque ci-dessus.

Il y'a donc devant nous un grand et beau chantier à construire...ensemble !

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