Le Salon International de l’Agriculture est l’occasion de constater la profonde mutation numérique des métiers agricoles. Des applications métier se développent, les drones et robots apparaissent, loin de l’image d’Epinal du cultivateur traditionnel. Les collectivités territoriales ont-elles vraiment intégré à leur stratégie numérique, les défis que représente l’évolution technologique de l’agriculture ? Tour d’horizon des enjeux.
Face aux usages des “ageekculteurs”, la connectivité est-elle au niveau ?
Les chiffres sont éloquents, 81%* des agriculteurs naviguent sur internet au moins une fois par jour. Aujourd’hui un agriculteur peut gérer une partie de son exploitation à distance, être averti par SMS d’une mise bas imminente, guider par GPS ses machines, vendre en ligne, gérer l’engrais en fonction des besoins de ses parcelles, irrigation, big data..… Toutes ces technologies supposent une connection suffisante. Cependant 295 communes en France sont encore en zone blanche concernant les réseaux mobiles, de quoi priver certains agriculteurs de ces avancées technologiques. De plus, l’accès à Internet à haut débit est encore difficile dans de nombreux territoires ruraux (la couverture du territoire en très haut débit est annoncée pour 2022). Les collectivités ne doivent pas penser connexion uniquement pour les urbains et les startup des villes, car les fermes ont aussi besoin d’être en réseau.
Quel accompagnement et quelle formation à ces mutations ?
Si les jeunes agriculteurs d’aujourd’hui font plus naturellement appel à des pratiques proches des usages de leur génération, tout le monde agricole n’a pas encore basculé vers cette approche. Les collectivités accompagnent de nombreux acteurs économiques vers le numérique, mais le monde agricole ne semble pas encore au coeur des priorités en la matière. Des initiatives existent pourtant, comme l’aide mise en place par la Chambre d’Agriculture de Dordogne qui propose une formation sur les applications mobiles pour les agriculteurs. Les écoles d’agronomie quant à elles, intègrent de plus en plus dans leur programme des options dédiées au “smart farming” (agriculture intelligente). Les formations en ligne du type MOOC (massive open online course) permettent aussi de se former à distance.
L’échange direct avec le consommateur et les circuits courts sont ils assez encouragés ?
Le numérique peut contribuer au développement d’une agriculture plus collaborative et plus proche des consommateurs, de la ferme à l’assiette, avec moins d’intermédiaires. Peu à peu, des communes comprennent l’intérêt d’impliquer le numérique dans l’accompagnement des agriculteurs. Angers Technopole propose un concours qui récompense les meilleures initiatives de jeunes entreprises sur 2 thématiques: l’agriculture numérique et l’agriculture urbaine. À Orvault (Loire-Atlantique) la ville met à disposition une carte de 50 points d’approvisionnement en produits locaux. Une façon de favoriser les circuits courts. C’est aussi sous l’impulsion de plusieurs Chambres d’Agriculture qu’a été créée la plateforme “Bienvenue à la ferme” permettant aux agriculteurs de créer en ligne leur “Drive Fermier”.
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*Étude Agrinautes 2015 réalisée par BVA et Tic-agri pour Terre-net Média auprès de 1 286 agriculteurs internautes, interrogés par questionnaire internet Cawi (computer-assisted web interviewing) entre le 15 juin et le 22 juillet. Les résultats sont redressés pour être représentatifs des 195 000 exploitations françaises connectées (source : RGA 2010). La représentativité de l’échantillon est assurée par la méthode des quotas appliquée aux variables suivantes : région et orientation principale de l’exploitation.