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Élection présidentielle, la place du numérique dans les programmes – 2/2

Le numérique dans toutes ses dimensions est un enjeu sociétal. Ce sujet peine pourtant à émerger dans la campagne de l’élection présidentielle et est présent de manière très inégale dans les programmes officiels. 

Villes Internet interpelle les candidats

Les douze candidats qui ont recueilli les cinq cents parrainages nécessaires pour se présenter à l’élection présidentielle sont désormais connus. 

La motion du Congrès national des Elu·es au numérique adressée personnellement au Président de la République et à chacun des candidat·es à l’élection présidentielle le 8 octobre 2022. 

123 élu·es contributeurs et contributrices ont produit 727 nouvelles suggestions pour rédiger collectivement leur motion du 3e Congrès national des élu·es au numérique . Début mars, l’association Villes Internet a de nouveau adressé cette motion aux candidat·es afin qu’ils et elles se positionnent et s’engagent une fois élu·e, à faire du numérique citoyen un objectif transversal de leur politique.

La couverture numérique des territoires   

Les élu·es locaux, qu’ils soient ruraux ou périurbains, font de la connexion de leur territoire une priorité. Il en va de l’attractivité de leur commune, surtout depuis que la crise sanitaire a fait du télétravail un nouveau mode de vie. Pourtant, les candidat·es à l’élection présidentielle ne s’engagent pas tous sur ce sujet.

Emmanuel Macron s’engage à couvrir en très haut débit ou en fibre l’ensemble du territoire. “Ce sera fait d’ici la fin du prochain quinquennat, pour ne laisser aucun territoire à la traîne de la transition numérique. Les opérateurs téléphoniques doubleront la couverture mobile en zone rurale pour réduire les zones sans réseau, et l’État prendra ses responsabilités partout où cela est nécessaire.”

Jean-Luc Mélenchon promet la couverture numérique de tout le pays en fibre d’ici 2025.

Marine Le Pen, dans son courrier, affirme qu’il faut déployer les différents réseaux, aussi bien mobiles que filaires — ADSL, fibre optique, 4G, 5G — qui garantiront la couverture de la totalité du territoire, tant métropolitain qu’ultramarin.

Anne Hidalgo rappelle que  3% de nos territoires ne sont couverts par aucun réseau internet. Ils sont de ce fait exclus d’un outil devenu indispensable à la marche de l’économie. Notre politique sera donc de déployer au maximum le réseau internet dans nos territoires plus reculés et d’en intensifier le débit. Cependant, ce programme se doit d’éviter deux écueils, environnementaux et sociaux. Par rapport aux risques climatiques, le déploiement de tels réseaux respectera strictement la biodiversité rurale. Sur le plan social, nous veillerons à ne pas créer deux types de territoires, à deux vitesses différentes, quant à l’accès à internet. C’est pourquoi nous proposons que chaque installation d’antenne 5G implique la couverture de trois intercommunalités en fibre haut-débit.

Yannick Jadot s’engage à investir pour le déploiement de la fibre dans tous les territoires.

La régulation des réseaux sociaux numériques

Pour Anne Hidalgo, les réseaux sociaux sont un média d’expression efficace, de débat et d’échanges qui contribuent à la vitalité de notre démocratie. Pour autant, une règle claire doit guider le contenu présent sur les réseaux sociaux. Une meilleure modération passe donc par le fait d’imposer aux GAFAM la transparence sur les moyens et algorithmes employés pour administrer le contenu en français sur leurs plateformes. Il s’agit d’une première étape nécessaire pour avoir un état des lieux global de la modération dans notre pays et fixer un seuil minimum de modération. La seconde étape consiste à sanctionner les GAFAM qui contreviendraient au principe de transparence ou qui ne respecteraient pas le seuil minimum de modération.

Jean-Luc Mélenchon annonce refuser la censure privée sur les réseaux sociaux opérée par les GAFAM.

Yannick Jadot s’engage à protéger les libertés face à aux réseaux sociaux. “Seule une régulation publique forte permettra de lutter contre la concentration inédite de pouvoir des géants du numérique. Ils ont construit leur modèle économique sur l’accumulation de quantités massives de données personnelles qu’elles revendent au plus offrant. Nous créerons un organisme pour la transparence et l’éthique des algorithmes qui aura pour rôle de suivre et d’alerter sur les logiciels et algorithmes qui mettent en danger les libertés et le droit à la vie privée. Nous renforcerons les moyens de la lutte contre la cybercriminalité, le harcèlement et la haine en ligne pour ne pas avoir à faire reposer la modération ou la suppression de contenus uniquement sur le secteur privé, d’une part, et éviter l’écueil d’une censure algorithmique ou policière qui porterait atteinte de façon disproportionnée à la liberté d’expression. Nous organiserons un débat européen autour de l’émergence d’un écosystème numérique diversifié, déconcentré et démocratiquement contrôlé, avec l’instauration de nouvelles normes européennes anti-trust.”

Nicolas Dupont-Aignan veut lancer un ‘google’ francophone et des réseaux sociaux français, ‘l’Asie sachant le faire hors GAFAM’.

La souveraineté numérique

Jean-Luc Mélenchon veut défendre la souveraineté numérique de la France. “La mise en réseau mondiale permet de nouvelles coopérations à travers la circulation des idées, des paroles et des écrits. Elle doit se faire dans un cadre international garantissant la maîtrise publique et démocratique d’Internet : la France ne doit pas dépendre d’autres pays et des multinationales comme les Google, Amazon, Facebook, Apple et Microsoft (GAFAM). Elle doit pouvoir prendre ses propres décisions.”

Valérie Pécresse s’engage à développer une production souveraine de biens stratégiques : un cloud souverain à l’horizon 2030, des quotas européens en matière de logiciels et d’infrastructures numériques et de puces électroniques avec pour objectif d’atteindre 50 %.

Pour Marine Le Pen, “l’enjeu de souveraineté numérique que posent les géants américains (mais aussi, de plus en plus, chinois) occupe notre attention depuis longtemps, et fait l’objet de notre part de nombreuses propositions, tant au niveau national qu’européen.” La candidate du Rassemblement National ajoute que “lors de la création ou de l’implantation d’organismes de traitement des données, les acteurs nationaux et européens doivent être favorisés, alors que les géants étrangers doivent être progressivement écartés via des normes et une fiscalité dissuasives. Parallèlement, les investissements publics doivent soutenir l’innovation numérique afin de déployer des outils sûrs, interopérables et publics.”

Éric Zemmour veut faire émerger des solutions françaises souveraines dans le cloud et la cybersécurité et investir dans les technologies de rupture (en particulier intelligence artificielle, ordinateur quantique et semi-conducteurs).

Nicolas Dupont-Aignan déclare que la France, en partenariat avec ses alliés européens et ses amis francophones qui le souhaitent, doit assurer sa propre souveraineté numérique, au service de nos intérêts, de notre sécurité, mais aussi de notre culture. Il espère construire un véritable Cloud français souverain et surtout un Espace Numérique du Citoyen Français (ENCF) en alternative aux GAFAM.

Les élus locaux mis en réseau par l’association Villes Internet souhaitent que la régulation du numérique soit une priorité, alors que la sécurité numérique pour chaque citoyen·ne est une priorité européenne.

 

  1. Nathalie Arthaud, Nicolas Dupont-Aignan, Anne Hidalgo, Yannick Jadot, Jean Lassalle, Jean-Luc Mélenchon, Marine Le Pen, Emmanuel Macron, Valérie Pécresse, Philippe Poutou, Fabien Roussel et Eric Zemmour.

 

L’article 1 revient sur les données numériques, l’éducation au numérique, la transformation numérique des services essentiels.

 

Sources : les programmes officiels des candidats et candidates à l’élection présidentielle

 

📌 Nathalie Artaud

🌐 programme

📌 Fabien Roussel 

🌐 programme officiel 

📌 Emmanuel Macron

🌐 programme officiel

📌Jean Lassalle 

🌐 site officiel

📌 Marine Le Pen

🌐 Source : Réponse officielle du Rassemblement National à l’interpellation de Villes Internet de tou·tes les candidat·es à l’élection présidentielle

📌 Éric Zemmour

🌐 programme officiel volet numérique

📌 Jean-Luc Mélenchon

🌐 programme officiel

📌 Anne Hidalgo

🌐 programme officiel  et Manifeste du numérique reçu le 18 mars 2022 par les équipes de Villes Internet

📌 Yannick Jadot

🌐 version complète du programme officiel

📌 Valérie Pécresse

🌐 projet sur le site officiel de la candidate

📌 Philippe Poutou

🌐 site officiel du candidat

📌 Nicolas Dupont-Aignan

🌐 programme officiel

 

L’association Villes Internet s’est donnée pour objet de coordonner le développement et l’animation d’un réseau des acteurs et actrices locaux de l’Internet Citoyen. Les valeurs de « citoyenneté active » et de « démocratie participative » fondent son action. Elle remet chaque année, avec l’État, le Label National Territoire, Ville ou Village Internet. Seul organisme de veille dynamique sur les services publics numériques locaux, elle valorise les usages d’intérêt général, des outils numériques en réseau. Depuis 1998, l’association a acquis un rôle de carrefour et de centre de ressources du numérique urbain et de la « ville intelligente ».

 

Par Anna Mélin