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Entretien avec Mathieu Vidal, président de Villes Internet

Publié le 18 mars 2019 L'association

À l’occasion de la 20e cérémonie de remise du label national Villes, villages et territoires Internet, ce 29 janvier 2019 s’est tenue l’Assemblée générale de l’Association Villes Internet. Emmanuel Eveno, président de l’Association depuis sa création, a annoncé son élection au Conseil d’Administration de l’Université Toulouse-Jean-Jaurès au titre de premier Vice-Président. Cette charge qui l’honore lui impose pourtant de quitter ses responsabilités au sein de l’association. Il exprime son vœu que la tradition d’un président universitaire soit poursuivie. Ce statut permet de garantir l’indépendance de l’association et la continuité du label. Le conseil d’administration a suivi cette recommandation par l’élection de Mathieu Vidal, docteur en géographie et maître de conférences à l’université de Toulouse. Après une thèse soutenue en 2006 « Les Territoires politico-économiques face aux Technologies de l’Information et de la Communication — entre métropolisation et différenciation territoriale », il poursuit ses recherches sur l’aménagement numérique du territoire, les politiques publiques, les usages et les usagers des Technologies de l’Information et de la Communication (TIC) et particulièrement sur la thématique de la Ville de demain. Sa contribution au rapport Vers un modèle français de la ville intelligente partagée remis par Akim Oural au de l’Europe et des Affaires étrangères, a été remarquée. Membre du comité d’orientation et du jury du Label National Territoires, Villes et Villages Internet, il participe depuis plusieurs années à la pérennité de la plateforme humaine et numérique que constitue l’Association Villes Internet.

Quel bilan tirez-vous de cette 20e cérémonie de remise du label national Villes, villages et territoires Internet ?

Cette année était particulière, nous fêtions le 20e Label National Territoires, Villes et Villages Internet. Quel chemin parcouru durant toutes ces années à accompagner pas à pas l’appropriation du numérique dans la société française, depuis les premiers sites de villes jusqu’à l’enjeu d’égalité d’accès aux services numériques, dorénavant prépondérants. Devant 700 participants, élus, agents, Julien Denormandie, ministre chargé de la Ville et du Logement, a remis à nos côtés, ce label affiché aux entrées de ville par plus de 2000 collectivités françaises.

Le succès est croissant, par le nombre de villes et villages participants, et par le nombre de présents lors de ce rendez-vous annuel. Un temps devenu incontournable pour les villes qui y trouvent un encouragement à poursuivre leur projet, mais aussi à réfléchir sur les choix qui s’imposent.

On a vu les agents partager leurs projets et leurs doutes, dans ces débats conviviaux que sont les Bancs Publics. J’y ai entendu beaucoup d’énergie et d’engagements à poursuivre les échanges, et une forte demande d’accompagnement par l’association notamment dans une représentation régionale.

Pourquoi lancer cette année un congrès des élus au numérique ?

Les citoyens considèrent comme normal de pouvoir accéder à tous les usages possibles du numérique y compris pour leur vie quotidienne et l’accès à leurs droits notamment. Ils sont en demande de solutions et de propositions qui respectent leur identité de citoyen. Ils interpellent régulièrement les élus sur ce sujet : pour la qualité de la connexion autant que pour le respect des données personnelles ou l’éducation critique de leurs enfants face aux nouveaux médias. Des choix doivent être faits, des investissements bien sûr, mais aussi de nouveaux modes de fonctionnement et des ressources humaines parfois inédites.

Il s’agit de poser des perspectives d’avenir. La disparité des territoires impose de partager les idées et de construire un projet cohérent avec les ambitions locales et les besoins des habitants.

Au-delà du partage, l’un des rôles de Villes Internet est de porter un message, celui de ses adhérents, auprès des ministères et du gouvernement. C’est pour cela que les élus membres de l’association ont proposé un premier Congrès qui les réunirait, ouvert à tous les volontaires, pour aboutir à une première motion, susceptible d’identifier des engagements nécessaires pour mettre le numérique au service de la société en devenir. Les participants ont produit une motion en huit points que je vous invite à lire. Le rendez-vous est pris pour un congrès en 2020 !

Vous venez d’être élu nouveau président de l’association et remplacez ainsi Emmanuel Eveno. Quels sont vos objectifs pour ce mandat ?

Il m’est difficile de parler d’objectifs quand on sait que l’association fonctionne sur une durée longue autour du label et de l’Atlaas qui permet l’observation et la mutualisation des actions numériques. Il faudra s’attacher à continuer à suivre un secteur qui évolue, et dont les risques se dévoilent au fur et à mesure de son déploiement.  Le Label doit permettre de se questionner pour être en phase avec les innovations dans leur dimension sociale notamment.

Nous aurons également à veiller à ce que nos actions concernent l’ensemble du territoire : c’est un label pour les villages, les villes et tous les territoires, pourtant une attention particulière doit-être portée aux territoires ruraux souvent laissés pour compte.

Nous devons garder en tête qu’il n’y a pas que dans les métropoles qu’il y a de l’intelligence numérique, on se doit de la valoriser où qu’elle soit.

 

Par Anna Mélin