Ici Caux-Vallée-de-Seine : plongée au cœur des systèmes d’information géographique de l’agglomération
En direct des territoires Internet, Antoine Gouritin et Florence Durand-Tornare se penchent sur les cartes produites dans les villes pour faciliter le travail des agents et pour accompagner la décision des élus. Dans toutes les collectivités françaises, elles sont un support incontournable pour gérer la cité.
Écouter l’épisode :
Avec Jérôme Spizer, Archéologue Caux Seine Agglo, Delphine Parent, responsable du service Géomatique, Hubert Lecarpentier, Vice-Président de Caux Seine Agglo, Jérôme Muzy, coordinateur Fonctionnement du Service Eaux et Assainissement, Steve Richard, responsable de la Police Municipale intercommunale.
« La représentation d’un territoire par des cartes a un poids symbolique fort dans l’histoire. L’innovation numérique permet de rassembler des données très diverses sur une petite parcelle ou une grande région.» Florence Durand-Tornare
Entre le Havre et Rouen, c’est dans l’agglomération de Caux Vallée de Seine que se déroule ce nouvel épisode de Ici-Demain, série audio qui raconte la ville intelligente à travers les voix de ceux qui la font. On y découvre ce qu’est un système d’information géographique (SIG). Les géomaticiens sont des alliés précieux pour faire de la donnée une valeur utile au territoire. L’agglomération Caux vallée de Seine utilise l’information géographique de l’archéologie à la gestion de l’eau.
La visite commence avec Jérôme Spizer au musée gallo-romain Juliobona, situé juste en face du célèbre théâtre antique de Lillebonne. Jérôme Spizer est archéologue et spécialiste de l’histoire de Lillebonne. Il a entrepris une cartographie des sources disponibles sur Juliobona, qui, grâce à son port sur la Seine, a été une cité importante et prospère entre le Ier et le IIIe siècle. Le SIG sert ici au travail de recherche historique. « Pour l’instant, ce qu’on a pu mettre en évidence [grâce au SIG – NDLR] c’est que Lillebonne était un port antique sur la Seine, car les niveaux de découverte des vestiges montrent que toute la vallée entre Lillebonne et la Seine faisait partie de la Seine à l’époque gallo-romaine.
Antoine Gouritin revient sur l’importance de cette information : « sans un positionnement directement sur la Seine, qui ne coule plus à Lillebonne aujourd’hui, Juliobona n’aurait pas été aussi prospère. » Le travail de cartographie permet ainsi de cibler les secteurs qui seront fouillés et mis en valeur. Et bientôt les touristes profiteront d’une application smartphone permettant la visite de l’ancien Lillebonne.
Antoine Gouritin rencontre ensuite Hubert Lecarpentier, vice-président de Caux-Seine-agglo en charge des rivières et ruissellement et du foncier, dans l’abbaye du Valasse, au nord de Lillebonne. Cette ancienne abbaye cistercienne a été réhabilitée pour accueillir l’office du tourisme, des espaces de coworking, des akathons, des concerts et des événements liés à la vie de la collectivité. L’élu est accompagné par Delphine Parent, responsable du service géomatique. À la question que beaucoup d’entre nous se posent : « qu’est-ce que la géomatique ? », elle répond que « c’est de la gestion de données. Quelqu’un crée la donnée, nous la récupérons puis nous l’analysons pour aboutir à un support qui permet d’aider les gens à mieux comprendre le territoire ou à l’analyser. Ça peut être une cartographie papier ou une application web interactive ». Hubert Lecarpentier ajoute qu’à chaque fois qu’il a un doute, sur un élargissement de voirie ou des travaux d’aménagement par exemple, il regarde sur le SIG.
Delphine Parent revient sur l’utilisation de la géomatique qui lui semble la plus utile, la cartographie des statistiques de l’INSEE. Ces dizaines de colonnes sont souvent illisibles et difficilement intelligibles, la cartographie les rend accessibles au grand public, « plus à même de comprendre une carte qu’un tableur ». L’outil a été utilisé dans une situation très concrète, la couverture incendie de la commune. Le SIG est intervenu en localisant les poteaux à incendie et en visualisant le périmètre couvert par chaque poteau. La carte a permis de constater que des secteurs n’étaient pas couverts. Les élus — qui ont alors pris conscience que des quartiers n’étaient pas protégés — ont ainsi pu réfléchir aux priorités d’installation des nouveaux poteaux. Ils ont également pu partager les données entre communes.
En direct d’une zone de travaux d’un grand projet de canalisation de ruissellement, Antoine Gouritin retrouve un peu plus tard Jérôme Muzy, coordinateur « fonctionnement du service eaux et assainissement ». Le service est en train de mettre en place une application qui permettra aux agents de répertorier toutes les fuites, les casses, les bouchages afin d’anticiper, avant tout travaux de voirie, si le réseau nécessite un renouvellement. « Ces applications en développement vont pouvoir remonter des informations du terrain », de manière beaucoup plus efficace que ce qui se fait aujourd’hui.
Steve Richard, responsable de la police municipale intercommunale explique quant à lui que l’outil SIG permet de cartographier certaines opérations du service comme les utilisations du radar. « Aujourd’hui lorsque les agents commencent leur service, ils sont en capacité de voir où l’activité a eu lieu et se redéployer sur des secteurs qui n’ont pas été pris en compte ». Et dans ce service, les nouveaux projets ne manquent pas. Le responsable aimerait ainsi développer une application de guichet unique. « Aujourd’hui, les modes de saisines sont assez classiques, téléphone, mail, accueil au poste, si les gens pouvaient nous solliciter par tchat, réseaux sociaux ou par une application native, on toucherait une autre catégorie de population et on serait plus efficaces ».
Pour Florence Durand-Tornare, le SIG sert la citoyenneté active et les points de contact avec la population : des enjeux de démocratie.
Et la déléguée générale de Villes Internet d’ouvrir le débat : « C’est l’occasion de se poser la question du choix entre éditeur ou open source. C’est un choix politique qui n’est pas simple à faire, car il n’est pas qu’un choix technologique. Il s’agit de savoir pourquoi on va investir dans l’open source. Comment va-t-on prendre le temps de décrire et de développer des fonctionnalités dont on a spécifiquement besoin ? C’est cette innovation qu’on va produire, cette brique qu’on va construire qui va enrichir le logiciel et être mise à disposition de tous les utilisateurs. C’est l’engagement de l’open source, une logique de mutualisation, celle qui correspond complètement à l’état d’esprit du partage entre les collectivités pour l’amélioration du service public ».
Le « gouvernement ouvert », qui pose comme obligation l’usage de l’open source dans certaines villes, sera le sujet du prochain épisode d’Ici, demain, tourné au Canada. À très vite !
POUR ALLER PLUS LOIN :
- Retrouvez les actions numérique de l’agglo Caux-Vallée-de-Seine dans l’Atlaas Villes Internet.
- Prolongez l’écoute avec le verbatim de Cédric Grenet qui complète cet épisode :
Une série proposée et réalisée par Florence Durand-Tornare et Antoine Gouritin, production VIA.
Cet épisode est rendu possible grâce au soutien de la Banque Française Mutualiste et de la Mutuelle Nationale Territoriale.
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Illustration : oeuvre originale François Gilbert