Le déploiement de la fibre optique confronté à de nombreuses difficultés sur le terrain
Selon les derniers chiffres de l’Arcep, le régulateur des télécoms, l’Hexagone compte à ce jour 12,4 millions d’abonné·es à la fibre. La France devance ainsi de très loin tous les pays européens. Le problème ne vient pas du nombre d’abonné·es, mais de la qualité du déploiement de la fibre sur le territoire national. Des armoires électriques éventrées, des cliente·es débranché·es, les exemples des dysfonctionnements sont nombreux.
Face à l’augmentation des signalements de difficultés sur les réseaux en fibre optique, l’Arcep a lancé en avril 2019 un groupe de travail avec les opérateurs d’infrastructure (OI) et les opérateurs commerciaux (OC) en vue d’améliorer les conditions d’exploitation des réseaux en fibre optique à très haut débit (le « GT Exploitation »).
Suite à ces premiers travaux, l’Arcep a lancé fin 2020 une consultation publique sur la réalisation des raccordements finals dans laquelle étaient notamment abordés : les travaux visant à l’amélioration de la qualité de réalisation des raccordement finals, les conditions techniques et tarifaires permettant la réalisation de tous les raccordements et enfin les pratiques tarifaires liées au raccordement final.
38 contributions ont été reçues dans le cadre de cette consultation. Elles donnent lieu à la publication le 25 novembre 2021 par l’Acerp d’Un point d’étape et plan d’action sur les travaux relatifs à la qualité de l’exploitation des réseaux en fibre optique et aux raccordements finals.
Un état des lieux inquiétant
À l’occasion de cette consultation, l’ensemble des acteurs a insisté sur la persistance d’échecs pour les raccordements nécessitant la création ou la réparation d’infrastructures de génie civil sur le domaine public. En l’absence de modalités opérationnelles claires et partagées de traitement de ces échecs, notamment sur la répartition des rôles entre l’opérateur d’infrastructure et les opérateurs commerciaux, ainsi que sur des modalités techniques et tarifaires entre l’opérateur d’infrastructure et le gestionnaire du génie civil, ces raccordements peuvent ne pas être réalisés.
Dans ce millefeuille d’intervenants, les opérateurs ont également fait part de problématiques liées à la fiabilisation et à la communication des informations entrant dans la réalisation des raccordements, ainsi que dans la qualification des échecs au raccordement par les différents intervenants et dans la communication à l’opérateur d’infrastructure des informations pour la résolution des causes d’échecs.
La plupart des acteurs estiment que les abonné·es sont insuffisamment informé·es de la nature des travaux à réaliser en partie privative et des obligations qui incombent aux propriétaires.
Enfin, certains acteurs ont fait part de leurs craintes quant à la réalisation de raccordements dits « longs » pour lesquels l’installation de plusieurs centaines de mètres de câbles pourrait représenter une barrière – notamment économique compte tenu du temps d’intervention nécessaire – et qui pourrait par conséquent conduire les opérateurs à délaisser ce type de raccordements.
L’ACERP formule des propositions pour faire face aux difficultés de déploiement de la fibre optique
Il s’agit tout d’abord de la mise en œuvre d’outils complémentaires tel qu’un outil de notification en temps réel des interventions, pour permettre aux opérateurs d’infrastructures d’améliorer la traçabilité des interventions sur leurs réseaux et aux opérateurs commerciaux qui le souhaitent d’identifier les coupures sur leurs lignes survenues durant l’intervention ; ou encore d’outils qui permettraient d’identifier de manière exhaustive les malfaçons et les dégradations. L’ACERP prône également la limitation des rangs de sous-traitance par les opérateurs commerciaux et la formation des techniciens intervenants. Enfin, l’agence demande la remise en conformité des infrastructures les plus dégradées et notamment des points de mutualisation (PM) qui nécessitent d’être remise en état.
Un groupe de travail dédié au suivi et à la résolution des difficultés identifiées sur le raccordement final a été lancé au mois d’octobre 2021. Souhaitons qu’il réussisse cette mission complexe.