Les villes Internet et villes de banlieue renforcent leurs liens
Installée aux quatre coins de la France derrière leurs écrans, une vingtaine d’élu·es s’est retrouvée le 9 juin dernier pour échanger sur les enjeux du numérique citoyen dans les villes de banlieue. Organisée par les associations Villes Internet et Ville & Banlieue, cette rencontre a permis de dresser un premier portrait des problématiques numériques rencontrées dans les territoires urbains périphériques et d’esquisser des pistes de solutions. Beaucoup des villes présentes ont une longue trajectoire dans les @.
Numérique et banlieue, les enjeux se croisent et se chevauchent
En ouvrant la discussion, Florence Poznanski, déléguée adjointe de Villes Internet, rappelle l’importance d’identifier ce qui les rassemble : vivre ensemble en ville et en numérique. La feuille de route de Ville et banlieue recense des enjeux qui se croisent tous avec le numérique : emploi, insertion, éducation, écologie. Et qui renvoient à des enjeux numériques tels que la dématérialisation, le service public, les tiers-lieux… En somme, la question est de savoir ce qui caractérise la politique numérique des villes de banlieue.
Bien placé pour y répondre, Thierry Falconnet, président de Ville & Banlieue, maire de Chenôve (Côte-d’Or) et vice-président de Dijon Métropole en charge du renouvellement urbain, des transports et des mobilités précise que « La question du numérique est au cœur de l’ensemble de nos politiques que ce soit la question de l’accès, de l’éducation, du cumul des handicap et de la manière dont on amène les populations les plus éloignées à un usage du numérique et de l’Internet par l’action publique. Une dimension encore plus essentielle dans nos quartiers : la proximité. Dans un mouvement général de dématérialisation, comment maintenons-nous les relations sociales ? »
La lutte contre la fracture numérique, sujet transversal
Les périodes de confinement et de déconfinement ont éclairé les responsables politiques sur des situations qu’ils connaissent, mais qui ont été accentuées.
Le premier pas contre la fracture numérique est celui de la connexion Internet. Malheureusement, en France une partie du territoire n’est pas connectée ou n’a pas accès à l’Internet haut débit. Medhi Idouhamd, conseiller municipal délégué aux NTIC aux Ulis (91) @@@@@2021, pose le sujet dès le début de la réunion. « L’inclusion numérique est le défi numérique de demain, mais cela nécessite une bonne structure. Dans notre ville, nous avons un gros problème avec la fibre. L’État nous impose des démarches dématérialisées (à juste titre), mais cela demande une bonne infrastructure. »
C’est une situation ubuesque, des villes à quelques kilomètres de distance des centres-ville ne sont pas connectées. La réunion est l’occasion pour les participants d’échanger sur les mécanismes pour faire venir la fibre dans leurs territoires. Ousmane Ndiaye, conseiller municipal de Val-de-Reuil (27) @@@@@2021 en charge des mobilités, précise que sur sa commune c’est le syndicat public Normandie Numérique qui est chargé de mettre en place le haut débit.
(Dis)continuité pédagogique
La lutte contre la fracture numérique passe également par continuité pédagogique, que Villes et Banlieue appelle la discontinuité pédagogique. Il s’agit de savoir comment faire en sorte que les enfants aient accès à l’école alors qu’elle est fermée, de même que tous les services publics municipaux.
Les villes de banlieue ont redoublé d’imagination pendant les confinements successifs pour maintenir le lien entre les élèves et leur établissement, mais également entre les parents et les enseignant·es. La crise a, par ailleurs, permis d’accélérer l’émergence de solutions sur ce sujet. Ainsi, Josette Belloq, adjointe à l’éducation et la cité éducative de Lormont (33) et Nadjib Talem,quireprésente Christelle Baudrais, adjointe au maire à la cohésion sociale à Bègles (33) font le constat que le prêt des tablettes aux élèves n’était pas la solution idéale. D’une part, parce que les connexions Internet ne sont pas à la hauteur. D’autre part, parce que les parents ne savent pas toujours se servir de ces nouveaux outils. La commune de Lormont a alors décidé de mettre à disposition des familles des salles d’usage du numérique. Et ce fut une bonne idée. Cela a permis de rompre l’isolement et une montée en compétence des parents. Et Josette Belloq de souligner « qu’on a vu sortir du confinement des innovations, avec la recherche de nouveaux logiciels, y compris avec des investissements. »
Mais l’élue girondine alerte ses pairs sur les conclusions de l’étude Pisa (Programme international pour le suivi des acquis des élèves) qui relève une « relation négative entre le temps passé sur les outils numériques et les performances des élèves en lecture », interrogations qu’il faut avoir en tête.
La médiation, question omniprésente
Gaëlle Lecoq, conseillère municipale déléguée au handicap et à la lutte contre la fracture numérique et le non-recours aux droits à Septèmes-les-vallons (13), évoque le recrutement d’un médiateur et conseiller numérique qui pourraient intervenir au CCAS, l’espace jeune, la médiathèque, afin de toucher tous les âges. Elle n’est pas la seule à mentionner cette démarche de médiation. Malgré la dématérialisation, il faut aller au contact des citoyens et citoyennes pour les accompagner dans leurs démarches. Amine Karim, adjoint au maire au numérique et innovations technologiques à Trélazé (49) @@@@@ 2021 déroule la politique de sa ville en trois axes : équiper les habitant·es qui sont en fracture numérique, les former et apporter des solutions numériques à leurs problèmes.
Toutes ces solutions ne peuvent être évoquées sans aborder les moyens qui leur sont alloués. Développer les équipements collectifs et accompagner les équipements individuels, cela a un coût. Françoise Thiaville, directrice du service démocratie et communication de la ville d’Allonnes (72) @@@2021 indique ainsi que dès 2019, le programme Wifi4EU leur a permis d’installer de nombreux points de wifi dans la ville et le fait que la commune soit classée REP+ a permis l’équipement de familles en PC portables, tablettes… Elle invite les participant·es à solliciter les moyens mis à disposition par l’État pour développer des outils.
Plus de deux heures de discussion, d’échanges de bonnes pratiques et de conseils plus tard, les élu·es se donnent rendez-vous le 7 octobre 2021 au Sénat pour le Congrès national des élu·es au numérique, qu’ils ont déjà bien commencé à préparer.
En attendant, l’objectif de raviver les relations entre l’association Villes Internet et Ville et Banlieue rappelé par Sylvie Thomas, déléguée générale de l’association Ville et Banlieue est rempli dans la bonne humeur.