Numérique éducatif, Villes Internet et le ministère de l’Éducation nationale renouvellent leur partenariat
Temps fort du 4e Congrès des élu·es au numérique : le renouvellement de la convention de partenariat avec le ministère de l’Éducation nationale et de la Jeunesse en présence d’Audran Le Baron, directeur du Numérique pour l’éducation. Elle poursuit le rapprochement entre les deux organismes qui se concrétise principalement par la mise en valeur des actions exemplaires des collectivités labellisées chaque année par la mention #Numérique éducatif du Label national Territoires, Villes et Villages Internet et le partage de ces expériences au sein du réseau des Villes Internet.
Emmanuel Allard, vice-président de la communauté de communes de Parthenay-Gâtine (79) est un des représentants de Villes Internet au sein du comité des partenaires du numérique éducatif. Instance de dialogue entre le ministère et les collectivités pour impulser une stratégie globale et partagée de déploiement du numérique éducatif en France. Villes Internet en est l’un des membres fondateurs.
Ils reviennent pour Villes Internet sur le sens du numérique éducatif et la place des collectivités dans cette dynamique.
Villes Internet : Quel est le sens de l’éducation au numérique ?
Audran Le Baron
Quand on parle de numérique à l’Éducation, il faut d’abord se poser la question du « pourquoi ». On dialogue souvent entre experts ou convaincus du numérique éducatif mais il faut s’adresser aux autres et donc se poser la question du « pourquoi ».
L’éducation au numérique c’est d’abord la citoyenneté numérique. Nous vivons dans un monde qui est de plus en plus numérique, où tous nos achats, nos relations passent par le numérique. L’école a un rôle fondamental pour faire de nos enfants de futurs citoyens éclairés dans le monde numérique. Il faut leur faire acquérir une culture numérique, des compétences numériques qui leur permettront d’être à l’aise avec le numérique, de s’autoformer aux nouveaux outils dans leurs futurs métiers. Cela prépare également une filière d’excellence du numérique pour la souveraineté numérique de demain.
Le numérique est également un outil qui « augmente » les professeurs, sans les remplacer évidemment. Beaucoup d’outils incluent une dose d’intelligence artificielle qui permet aux professeurs d’avoir un tableau de bord de leurs élèves et de savoir rapidement quels sont ceux qui rencontrent des difficultés. D’autres outils facilitent l’apprentissage individualisé avec de la remédiation personnalisée. Tous ces outils permettent d’hybrider les enseignements.
L’éducation au numérique c’est également la résilience de l’école et permet la continuité pédagogique.
Le numérique facilite enfin l’administration et évite des tâches répétitives des agents.
Emmanuel Allard
Pour moi, le numérique éducatif, c’est permettre aux élèves de vivre des situations différentes avec des outils divers. Et à travers ces expériences, ils se nourrissent et peuvent devenir critiques.
Une culture numérique commune doit s’installer entre les différentes parties prenantes. Cela doit être porté par l’Éducation nationale et les collectivités pour permettre à tous les interlocuteurs d’avoir toutes les clés pour une bonne maîtrise des outils numériques. L’accompagnement est fondamental.
Le temps des apprentissages, de la maîtrise est souvent plus long que celui de mettre en place de nouveaux outils. C’est notre rôle d’alerter l’Etat sur ces retours du terrain. L’accompagnement – des familles, des élèves et des enseignant·es – est déterminant pour la réussite des politiques publiques du numérique. Les briques nationales sont complémentaires des briques locales.
Villes Internet : Lorsqu’on parle d’évaluation du numérique, évalue-t-on la pratique ou les usages ?
Audran Le Baron
Nous essayons d’avoir une vue équilibrée et consolidée de l’ensemble. Nous avons mis au point le cadre des références des compétences numériques (CRCN), qui couvre l’ensemble des compétences numériques, en allant des usages, aux compétences techniques, à la culture. Il s’inspire du référentiel européen. Il existe également le dispositif Pix qui s’appuie sur ce référentiel de compétences. Il concerne les élèves du collège, du lycée, les enseignants et nous travaillons actuellement à une version pour les parents d’élèves. Il permet, sous forme de questions-réponses, de se tester sur ses compétences numériques mais également de développer ses compétences. Et à la fin, il permet de certifier ses compétences. Nous sommes également en train d’expérimenter un dispositif de certification pour les professeurs, le Pix+édu. Il vise à développer leurs compétences, à identifier des ambassadeurs, c’est-à-dire des experts du numérique pédagogique qui accompagneront l’ensemble des collègues dans l’usage raisonnable et raisonné dans les établissements.
Emmanuel Allard
Avec le dispositif Pix, nous avons une belle approche et un bel outil, contrairement au B2i auquel nous avions du mal à faire adhérer car les auto-évaluations étaient difficiles à porter.
Cet outil permet aux élèves d’apprendre et de valider ce qu’ils savent faire. Je pense que cela s’étendra à nos collectivités et nos agents et pourquoi pas aux familles de nos territoires. C’est un dispositif qu’il va falloir démocratiser pour encourager les personnes à mettre un pied dedans. Il existe toujours une appréhension vis-à-vis du numérique et les personnes qui en sont éloignées n’iront pas spontanément vers ce type d’outil. Nous avons un gros travail de pédagogie à faire et il faut le faire ensemble.
Villes Internet : Comment fonctionne le comité des partenaires du numérique pour l’éducation ?
Emmanuel Allard
Le travail qui est fait dans ce comité des partenaires s’enrichit de nos expériences et de nos compétences. Par exemple, certains pensaient que ce comité avait une approche trop technique. Nous avons donc insisté pour qu’il intègre une dimension plus politique.
L’approche locale est déterminante. Je le vois sur certains territoires où il y a vraiment des échanges et où nous arrivons à créer des équipements qui sont portés par les collectivités à l’écoute des utilisateurs pour répondre à leurs besoins. Ces collectivités créent un environnement complet. Cet environnement est enrichi par une formation. Ces chaînes vertueuses ont pu exister grâce aux échanges entre les différents partenaires.
Lorsque nous travaillons ensemble, nous parvenons à trouver de bonnes réponses.
Audran Le Baron
Nous sommes sur une politique publique partagée. C’est-à-dire que nous avons une répartition des compétences, notamment issue de la loi Peillon : les collectivités sont responsables de l’équipement — numérique, mais pas seulement — dans les écoles, les collèges et les lycées. À l’inverse, l’État est responsable de la formation de ses agents, dont les professeurs, et des ressources pédagogiques. Ces ressources doivent être apportées en bonne entente avec les collectivités car il faut que ces ressources soient compatibles avec les équipements et il faut que ces équipements soient accompagnés par de la formation. Tout s’entrecroise et le triptyque qui me vient en tête est : former – équiper – outiller. Nous sommes chacun compétent d’une de ces missions, nous devons donc mettre en place une politique concertée et homogène. Nous pouvons fixer au niveau national de grandes directions mais c’est ensuite au niveau local que ça se passe. C’est pour ça que la concertation nationale doit être déclinée au niveau local.
Villes Internet et la direction du Numérique pour l’éducation du ministère de l’Éducation nationale et de la Jeunesse viennent de signer une nouvelle convention. Quels sont les enjeux centraux de ce partenariat ?
Emmanuel Allard
Participer à une vision croisée. À travers le comité des partenaires, nous avons une vision assez claire de la direction prise par le MEN. Notre implication dans cette convention, nous permet d’apporter notre expertise à travers les expériences de nos élus au numérique qui ont une vision pratique de l’application sur le terrain des décisions prises. Ces retours complètent les retours des associations plus généralistes comme l’AMF. Nous avons une vision plus centrée sur ces thématiques. Notre expertise du terrain échange avec l’écoute du ministère. Cela nous permet d’éclairer le ministère.
L’intérêt est mutuel, le fait d’avoir les projets à la source expliqués directement par ceux qui les portent, cela nous permet d’avoir une vision des premières attentes et ainsi les partager aux collègues qui sont sur le terrain.
Audran Le Baron
Ce partenariat est fondamental pour soutenir et accompagner les collectivités qui fournissent les outils aux enseignants et aux élèves. Avec le plan de relance, l’État a lancé l’appel à projet pour un socle numérique de base du 1er degré à hauteur de 300 millions d’euros d’investissement. Villes Internet a contribué à la fois dans la diffusion, la mobilisation des collectivités et le suivi des projets. Je vous remercie pour votre engagement.
Le numérique éducatif est une politique partagée entre l’État et les collectivités, mais également avec des entreprises, des associations et des individus. J’ai la conviction que pour continuer d’avancer en la matière il est impératif de partager un cap et un cadre commun pour avancer dans la même direction. Nos énergies s’additionnent. C’est ce qu’on fait avec la stratégie du numérique pour l’éducation qui est une démarche de co-construction.
Signature du partenariat entre Villes Internet et le Ministère de l’Éducation nationale et de la jeunesse.
Audran Le Baron, directeur du numérique éducatif – Mathieu Vidal, président de l’association Villes Internet