Pour Dominique Marty, le numérique est à la fois le poison et le remède
Le 4e Congrès national des élu·es au numérique se tient à Paris le 6 octobre 2022 à l’école Boulle (Paris 12e) en partenariat avec le ministère de l’Éducation nationale.
Le Congrès national des élu·es au numérique donne lieu à la rédaction collective d’une motion qui sera remise à la Première ministre Élisabeth Borne. En 2021, il avait mobilisé 123 président·es d’intercommunalités, maires et élu·es délégué·es au numérique, qui ont pu échanger sur leurs projets et expériences.
Depuis le 30 août 2022, la réflexion dans le cadre du Congrès national est ouverte. Dominique Marty, membre associé du bureau Transformation numérique de la Sicoval (31) et adjoint au maire de Belberaud, apporte sa contribution au débat.
Villes Internet : Selon vous, quel est l’enjeu majeur du numérique de la période ?
Dominique Marty : La Sicoval — communauté d’agglomération du Sud-Est toulousain (31) — est très engagée sur les questions numériques. Nous avons réalisé une enquête sur notre territoire, 23 % des habitant·es — à la fois des jeunes et des séniors — sont éloignés du numérique. Ce constat est le pilier de ma feuille de route.
Nous luttons donc contre l’illectronisme en mettant en place des plans d’action et en favorisant l’inclusion avec le soutien du plan France relance et des conseillers numériques.
Nous travaillons également sur la notion de souveraineté de notre territoire. Nous faisons en sorte que nos données ouvertes soient utilisées de façon souveraine. Nous réalisons avec une entreprise à la fois une récolte des données et une analyse comportementale pour guider nos décisions politiques.
Nous avons par ailleurs signé une charte avec l’INR qui nous a aidés à déployer un plan d’action pour un numérique responsable. Nous avons porté ces orientations en Europe et nous avons signé un accord avec 125 collectivités européennes pour rendre le numérique plus soutenable.
Nous créons enfin une expérimentation sur une boucle locale de reconditionnement. Un partenaire récupère du matériel puis le reconditionne. Cela permet d’aider des populations plus précaires d’accéder au matériel ou de fournir le matériel aux écoles par exemple. Le pass numérique financé par le département et des entreprises privées permet de valoriser le matériel reconditionné.
Dans ce contexte, quelle place occupe le Congrès national des élu·es au numérique ?
La loi REN s’est appuyée sur des recommandations des élu·es, c’est bien la preuve que lorsqu’ils parlent, les élu·es sont entendus. Nous devons donc être nombreux pour porter ces messages et notamment l’inclusion numérique à l’occasion du Congrès national des élu·es au numérique. Devant la dématérialisation à outrance, par exemple pour les documents d’urbanisme, si nous n’accompagnons pas les usages, la fracture numérique risque de s’aggraver.
Le Congrès sera également l’occasion d’alerter le gouvernement pour que la dématérialisation n’isole pas les citoyen·nes. Il faut faciliter l’utilisation des sites et outils Internet y compris en termes d’accessibilité handicap.
Votre collectivité, la Sicoval, vient d’adhérer à Villes Internet et de valider sa première participation au Label National Territoires, Villes et Villages Internet. Pourquoi cette décision ?
Le président de Villes Internet, Mathieu Vidal, a su trouver les arguments et rendre notre adhésion et notre participation naturelles et pertinentes. Le travail que fait Villes Internet est très intéressant. Pour moi, il fallait y être.