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Numérique responsable, les élu·es ont la parole

Lorsqu’on aborde la question de l’Internet citoyen, la vision et l’action des élu·es dans les territoires sont incontournables. Villes Internet leur donne la parole.

Une étude de 2020 réalisée par l’Agence du Numérique relève qu’environ 17% des Français·es sont confronté·es à l’illectronisme, c’est-à-dire qu’ils ont des difficultés à utiliser les outils et services numériques, creusant ainsi un peu plus la fracture sociale dans nos territoires.
Comment les collectivités peuvent-elles répondre au défi social que représente le numérique pour notre société ? 

Fatima El Ouasdi, maire-adjointe de Rueil-Malmaison, déléguée au numérique et aux télécommunication, représentante de Patrick Ollier, maire de Rueil-Malmaison (92) (@@@@@2023  #transitionécologique), président de la Métropole du Grand Paris

Très tôt, dans la nouvelle mandature, nous avons défini nos objectifs : numérique inclusif, numérique innovant et numérique responsable.

Nous sommes les garants que les innovations n’excluent pas car tout le monde ne sait pas utiliser les nouveaux outils numériques : envoyer un mail, saisir son RIB sur le portail famille. Nous avons lancé un guide papier et en ligne qui recense tous les services numériques et qui orientent les usagers sur la manière d’y avoir accès. Dans le cadre du plan France Relance, nous avons étoffé notre accompagnement au numérique en recrutant une conseillère numérique qui est dédiée à la démocratisation des outils numériques. 

Dans les services, nous essayons d’avoir toujours un accueil physique. 

Nous avons expérimenté le Pass numérique avec la métropole. Ce sont des chèques de 100 euros qui sont distribués à des publics spécifiques qui leur permettent de financer des formations délivrées par des organismes agréés. 

L’essentiel c’est de maintenir l’hybridation des services publics pour ne laisser personne au bord du chemin.

Luc Berthoud, maire de La Motte-Servolex (73) @@2023 #transitionécologique

Les collectivités regorgent d’inventivité pour accompagner les citoyen·nes dans leur utilisation des outils numériques.

Par exemple, à l’échelle de la commune de La Motte-Servolex, nous avons équipé les groupes scolaires de « vidéoprojecteurs  interactifs » permettant une interaction directe sur l’écran. Du matériel informatique est aussi mis à la disposition du public dans notre bibliothèque municipale. Les agents restent disponibles pour aider les utilisateurs et utilisatrices qui ne maîtrisent pas les outils.

Jusqu’à récemment, des conseiller·es numériques étaient mis à disposition par une association pour aider les habitant·es de notre quartier classé en politique de la ville en veille active. Depuis, les services de l’agglomération, compétents sur les questions portant sur l’informatique et le numérique, mettent à disposition des conseiller·es numériques pour les communes intéressées.

Certaines communes du territoire disposent également d’établissements publics numériques proposant des formations pour les publics confrontés à l’illectronisme.

Par ailleurs, le département de la Savoie, dans le cadre du budget citoyen, pouvait accueillir les votants ne possédant pas de matériel, dans les maisons sociales de Savoie (le vote étant exclusivement dématérialisé).

La loi du 15 novembre 2021 visant à réduire l’empreinte environnementale du numérique en France (dite loi REEN) entend faire converger transition numérique et transition écologique. Son article 26 prévoit que les communes de plus de 50 000 habitants devront définir, au plus tard le 1er janvier 2025, « une stratégie numérique responsable qui indique notamment les objectifs de réduction de l’empreinte environnementale du numérique et les mesures mises en place pour les atteindre ». 

Cette stratégie devait faire l’objet d’un programme de travail préalable élaboré au plus tard le 1er janvier 2023.

Quel bilan portez-vous de ces nouvelles obligations dont certaines devaient entrer en vigueur il y a trois mois ?

Fatima El Ouasdi : nous avons adopté en 2022 la Charte du numérique responsable à la suite d’un diagnostic d’un prestataire qui nous a permis d’identifier ce qu’on faisait de bien et ce que nous faisions de moins bien. La signature était une conséquence du diagnostic. Tout cela est fait en lien avec l’agenda 2030 de la collectivité qui va paraître dans lequel est inséré le numérique responsable. Recyclage, économie circulaire, éco-conception et nous travaillons également sur l’empreinte invisible (stockage…). Nous avons fait un évènement la semaine du numérique responsable en direction de nos agents à l’aide de jeux pour les sensibiliser aux enjeux.

Ma conviction : le numérique est une réponse à la crise écologique. L’électricité pour le numérique doit être décarbonée. Il ne faut pas accabler le numérique. 

Luc Berthoud : La Motte-Servolex, avec 13 000 habitant·es, n’est pas concernée par la loi REEN mais a engagé de nombreuses actions sur ce sujet.

Dans le cadre de notre politique d’achats durable, cinq axes d’actions ont été élaborés pour une meilleure cohabitation entre transition numérique et transition énergétique. Un volet recyclage, nécessaire pour limiter les impacts du numérique, est mis en place dans la commune. Les achats matériels sont par ailleurs amortis sur une durée de vie d’au moins 5 ans pour les ordinateurs et de trois ans et demi pour les smartphones. Les téléphones double-SIM sont systématiquement préférés à la solution double téléphones pour les agents. L’achat reconditionné est étudié et préféré si possible, ou à défaut l’achat d’appareils porteurs de logos environnementaux (TCO, EPEAT, label Ange bleu, etc.). Enfin, une évaluation carbone est menée pour tout projet numérique (par exemple, la pose de panneaux d’affichage numérique, de l’éclairage connecté, smart city, etc.). 

Le numérique représente un défi démocratique majeur pour les collectivités locales en France. Les technologies numériques ont le potentiel de transformer la manière dont les citoyens interagissent avec leur gouvernement local et de renforcer la participation citoyenne. Elles offrent aussi de nouveaux outils de prise de décisions aux élu·es locaux. Pourtant, le risque est grand d’exclure une partie de la population non acculturée au numérique ou ne disposant pas des outils nécessaires.

Comment les collectivités font-elles face à cet enjeu démocratique ?

Fatima El Ouasdi : Nous avons près de 9000 inscrit·es sur notre plateforme de participation sur laquelle nous faisons de nombreux appels à l’avis des habitants. Cette plateforme travaille en lien avec les conseils de village présents dans tous les quartiers de la ville, avec toujours la volonté d’allier le numérique aux échanges humains. Nous utilisons également les réseaux sociaux pour faire remonter, via une écoute active, les remarques des citoyen·nes. 

Comme le dit Patrick Ollier, notre maire, le numérique n’a pas vocation à enlever le lien humain.

Luc Berthoud : La Motte-Servolex, avec 13 000 habitants, est une ville à taille humaine et, si les supports numériques sont présents, à l’image d’une application spécifique, le rapport humain est privilégié. En cela, des réunions de concertation sont organisées dans les différents secteurs de la ville, en fonction des projets et des besoins des habitant·es. La première édition du budget citoyen de La Motte-Servolex a fait l’objet d’une concertation dématérialisée mais, pour les personnes éloignées du numérique, des postes informatiques étaient disponibles à l’hôtel de ville et à la bibliothèque.

 

Par Anna Mélin